Malgré l’opposition de l’ensemble des organisations syndicales de salariés, de la majorité des Français et un mouvement social ayant rassemblé près de 2 millions de personnes sur tout le territoire français, le gouvernement s’obstine à vouloir reculer l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Je suis bien évidemment opposée à cette réforme brutale. Nous nous mobiliserons pour faire reculer le gouvernement.

La réforme des retraites relève avant tout d’un choix politique entre le report de l’âge de départ à la retraite, la baisse des pensions et une hausse minime des cotisations sociales.

Cette mesure injuste pénalisera celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui occupent souvent les métiers les plus pénibles. C’est d’autant plus injuste que les Français exposés à des conditions de travail pénibles sont déjà ceux qui bénéficient de leur retraite moins longtemps que les autres : il y a 13 ans de différence d’espérance de vie entre les 5% des Français les plus riches et les 5% les plus pauvres, 7 ans entre un cadre et un ouvrier.

Aujourd’hui, 25% des hommes ayant les plus faibles revenus sont déjà morts à l’âge de 62 ans. Si l’âge de la retraite est repoussé à 64 ans, 31% des plus pauvres seront déjà morts.

La réforme fait totalement l’impasse sur la prise en compte de la pénibilité, tout en sachant que 4 des 10 critères de pénibilité ont été supprimés par les ordonnances Pénicaud.

Les travailleurs seniors seront également pénalisés par cette retraite car la très grande majorité des individus au chômage à 60 ans n’a pas d’opportunité de retour à l’emploi.

Cette réforme va faire basculer dans la précarité des demandeurs d’emploi seniors qui vont devoir attendre deux ans de plus pour faire valoir leurs droits à la retraite. Sans mesures fortes améliorant l’emploi des seniors, la réforme des retraites risque ainsi de faire basculer dans le chômage une partie des travailleurs séniors.

Dès lors, un tel décalage induirait des coûts pour notre protection sociale estimés à 5,4 milliards d’euros par an, venant annuler les économies estimées à 8 milliards d’euros d’ici 2027 recherchées par la réforme.

Par ailleurs, la viabilité de notre système de retraites par répartition n’est pas menacée, il n’y a aucune urgence à repousser l’âge légal de départ à la retraite. Le Conseil d’Orientation des Retraites a fourni 8 prévisions, dont 4 où le système des retraites serait déficitaire. C’est l’analyse la plus déficitaire du système est celle utilisée par le gouvernement pour justifier la réforme. Le COR rappelle que « cette approche par le solde donne des résultats contrastés qui dépendent de la convention retenue ».

La réforme pénalise notamment les carrières hachées. Fin 2016, 31% des retraités, 38% des femmes et 23% des hommes, percevaient une pension totale inférieure ou égale à 1000€ bruts par mois du fait de ce type de carrière. Le durcissement de l’accès à l’indemnisation du chômage réduit automatiquement le temps de cotisation et donc les pensions de retraite.

La réforme génère également de nombreuses inégalités entre les générations. Le décalage de l’âge de départ à la retraite pénaliserait les dernières générations, qui passeraient une plus faible proportion de leur vie à la retraite par rapport aux générations précédentes.

Le ministre Franck Riester l’a admis lui-même, « les femmes seront un peu pénalisées par la réforme des retraites ».

La réforme ne prévoit aucun dispositif de lutte contre les inégalités de pensions entre femmes et hommes, ni entre bas et hauts revenus et ne prévoit pas de compenser les inégalités salariales femmes/hommes.

L’écart des pensions entre femmes et hommes est aujourd’hui de 24%. Le taux de chômage des femmes converge avec celui des hommes, les femmes ont de moins en moins recours aux emplois à temps partiels et augmentent leur durée de cotisation : cet écart va se réduire lentement d’ici 2070 sans pour autant disparaître.

La pénibilité des professions féminisées (infirmières, aides-soignantes, aides à domicile, caissières…) est très peu prise en compte dans les critères de pénibilité du travail.

Des biais sexistes invisibilisent les métiers féminisés et il est par conséquent nécessaire d’opérer un travail de redéfinition des critères de pénibilité du travail, totalement oublié par la réforme des retraites.

Enfin, le gouvernement promet une retraite minimum à 1 200 euros par mois. Cela ne s’appliquera que pour les retraites complètes et pour les nouveaux retraités. Les retraités actuels ne seront pas concernés par cette augmentation de la retraite minimum contrairement à ce qu’affirmait Emmanuel Macron pendant sa campagne.