Alors que le projet de loi « climat et résilience » sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 29 mars, plus de 230 personnalités politiques dénoncent un texte qui n’est pas à la hauteur de l’urgence et se mobilisent pour appeler à « une vraie loi climat ».

Yannick Jadot, Olivier Faure, Delphine Batho, Isabelle Santiago, Danièle ObonoMatthieu Orphelin, Sophie Taillé Polian, Noël Mamère, Clémentine Autain, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Eric Piolle, Benoît Hamon ou encore Corinne Lepage… Au total, plus de 230 personnalités politiques de l’opposition publient une tribune vendredi 26 mars sur le site de franceinfo pour dénoncer le manque d’ambition du projet de loi « climat et résilience » qui sera examiné par l’Assemblée nationale à partir de lundi prochain.

Dans ce plaidoyer pour « une société dans laquelle on se nourrit mieux, où l’on respire mieux et où notre travail fait sens », ils déplorent notamment la trop grande absence des propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat – l’Assemblée nationale a récupéré « un projet de loi amoindri », écrivent-ils – et l’impossibilité pour les parlementaires « de remplir pleinement leurs fonctions ». Ils rejoindront les marches qui s’organisent un peu partout en France dimanche 28 mars, dont une à Paris, pour exiger « une vraie loi climat ».

Nous avons besoin d’une vraie loi climat.

En 2019, pendant la crise des gilets jaunes, et alors que les jeunes pour le climat se mobilisent partout dans le monde, le président de la République accepte de mettre en place un processus démocratique inédit : la Convention citoyenne pour le climat. Première assemblée citoyenne dédiée au climat jamais organisée en France, ce processus est une innovation démocratique, qui pourrait annoncer une évolution de notre culture de la décision politique.

Les citoyens ont travaillé pendant neuf mois, fournissant un travail complet et ambitieux pour accomplir la mission qui leur avait été confiée : proposer des mesures permettant la réduction d’au moins 40 % de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale. PDG, syndicats, ONG, parlementaires… nous sommes nombreux à avoir salué la qualité de leurs travaux.

L’Assemblée nationale a pourtant récupéré un projet de loi amoindri, ne permettant pas, selon l’ensemble des acteurs institutionnels et consultatifs (CESE, CNTE, HCC, etc.), d’atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale bas carbone.

Alors même que de nombreuses améliorations pourraient être faites à ce texte, les parlementaires sont empêchés de remplir pleinement leurs fonctions. D’abord en commission spéciale, où de nombreux amendements présentés ont été rejetés ou déclarés « irrecevables », alors même qu’il s’agissait d’amendements sur les mesures les plus impactantes pour diminuer nos émissions. Ou encore, par le choix de limiter le débat parlementaire à 45 heures, empêchant ainsi beaucoup d’amendements d’être défendus.

Pour tous les jeunes, les étudiants, qui n’arrivent plus à se projeter vers l’avenir, pour les petits commerçants qui ne travaillent plus depuis presque un an, pour les artistes privés de leur raison d’être, pour toutes les personnes qui ont vu leur vie basculer à cause de la crise sanitaire, nous nous devons de dessiner un horizon commun, viable et heureux.

Ce projet de loi climat est censé poser les bases d’une nouvelle société que nous appelons de nos vœux. Un nouveau modèle qui tirerait les leçons de la crise que nous traversons et poserait les bases du fameux « monde d’après ». Une société dans laquelle on se nourrit mieux, où l’on respire mieux et où notre travail fait sens, une société dans laquelle nos enfants grandissent avec les clés pour comprendre le monde changeant dans lequel ils évoluent.

« Nous nous mobiliserons, avec les citoyens »

Nombreux pourtant sont les citoyens qui changent déjà leur comportement au quotidien, et qui ne demandent qu’à être accompagnés. Nombreux aussi sont les entrepreneurs et chefs d’entreprise qui attendent davantage de régulation pour que l’engagement dans la transition écologique soit demain un véritable atout économique. Le projet de loi climat, en l’état, ne nous permet pas de nous mettre sur cette voie.

Le texte arrivera en séance plénière à l’Assemblée nationale le 29 mars, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y insuffler les bases d’une société écologiquement viable et socialement juste. Ce sujet est trop important pour être bâclé et remis à plus tard, trop important pour être traité en 45 heures. Alors, nous mettrons tout en œuvre, avec le soutien des citoyens, pour proposer des solutions à la hauteur de l’urgence climatique.

Pour notre génération et les générations futures, nous nous mobiliserons à l’Assemblée nationale à partir du 29 mars, et ce dimanche 28 mars dans la rue, avec les citoyens, pour exiger une vraie loi climat.

La liste des principaux signataires (sur 234 signatures) :

Manon Aubry, députée européenne ; Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis ; Joël Aviragnet, député de la Haute-Garonne ; Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, ancienne ministre de l’écologie ; Julien Bayou, secrétaire national EELV ; Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône ; Esther Benbassa, sénatrice écologiste de Paris ; Joël Bigot, sénateur de Maine-et-Loire ; Jean-Louis Bricout, député de l’Aisne ; Marie-George Buffet, députée de la Seine-Saint-Denis ; Rémi Cardon, sénateur de la Somme ; Damien Careme, député européen ; Hélène Conway Mouret, sénatrice représentante des français de l’étranger ; David Cormand, député européen ; Alain Coulombel, porte-parole EELV ; Monique de Marco, sénatrice de la Gironde ; Karima Delli, députée européenne EELV ; Thomas Dossus, sénateur du Rhône ; Grégory Doucet, Maire de Lyon ; Olivier Faure, député, Premier secrétaire du Parti socialiste ; Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin ; Gérard Filoche, porte-parole de la Gauche démocratique et sociale (GDS) ; Paula Forteza, députée de la 2e circonscription des Français de l’étranger ; Albane Gaillot, députée du Val-de-Marne ; Benoît Hamon, conseiller régional d’Ile-de-France ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Pierre Hurmic, maire de Bordeaux ; Olivier Jacquin, sénateur de Meurthe-et-Moselle ; Yannick Jadot, député européen ; Régis Juanico, député Génération.s de la Loire ; Hubert Julien-Laferrière, député du Rhône ; Sébastien Jumel, député de la Seine-Maritime ; Patrick Kanner, sénateur du Nord – Président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain du Sénat ; Bastien Lachaud, député LFI de la Seine-Saint-Denis ; Aurore Lalucq, députée européenne ; Pierre Larrouturou, député européen, rapporteur général du budget de l’UE 2021 ; Corinne Lepage, Ancien ministre, ancienne euro députés, co-présidente de CAP écologie ; Gérard Leseul, député de la Seine-Maritime ; Noël Mamère, ancien député de Gironde ; Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, président de la Métropole Rouen Normandie ; Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône, Président du groupe parlementaire La France Insoumise à l’Assemblée nationale ; Philippe Naillet, député de La Réunion ; Danièle Obono, députée de Paris ; Matthieu Orphelin, député écologiste de Maine-et-Loire ; Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, vice-présidente du groupe parlementaire La France insoumise ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Gilles Pontlevoy, co-président de Nouvelle Donne ; Loïc Prud’homme, député de Gironde ; Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV ; Johanna Rolland, maire de Nantes, présidente de Nantes Métropole ; Sandrine Rousseau, candidate primaires EELV ; Fabien Roussel, député du Nord ; Sabine Rubin, députée de Seine-Saint-Denis ; François Ruffin, député de la Somme ; Isabelle Santiago, députée du Val-de-Marne ; Aurélien Taché, député du Val-d’Oise ; Sophie Taillé-Polian, sénatrice du Val-de-Marne – coordinatrice nationale de Génértion.s ; Marie Toussaint, députée européenne EELV ; Cédric Villani, député de l’Essonne ; Hubert Wulfranc, député de Seine-Maritime.

Source : FranceInfo