J’alerte M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères sur les suites de l’accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 signé par l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie.

En effet, à cette heure, le gouvernement azeri se refuse toujours à appliquer l’une de ses principales clauses sur le plan humanitaire : la libération des prisonniers de guerre. On estime à deux cents le nombre de ceux qui sont toujours détenus dans les prisons azeries. Lors d’une conférence de presse donnée le 26 février 2021, le président Ilham Aliyev a déclaré qu’il considérait ces détenus comme des « terroristes » au motif que leur arrestation est postérieure au 9 novembre 2021. Or ces soldats étaient à cette date pris au piège dans la poche d’Hadrout, l’un des principaux fronts lors du conflit, ville encerclée mais non encore occupée par les forces turco-azerbaïdjano-djihadistes au moment de la signature du cessez-le-feu. En se saisissant de ce prétexte, le chef de l’État azerbaïdjanais se livre à une violation de ses obligations. Ce non-respect d’un document signé brise tout espoir d’un retour à la vie normale pour ce qu’il reste du peuple arménien sur ses terres ancestrales, cent ans après le génocide de 1915. Il ne peut être interprété que comme une manifestation d’agression supplémentaire à l’endroit de cette entité et ce, après 44 jours d’agression militaire, de bombardements et d’exactions qui se sont soldés par la mort de 3 500 conscrits arméniens, pour la plupart âgés d’une vingtaine d’années, et la fuite de dizaines de milliers de réfugiés. Les actes de guerre perpétrés lors du dernier conflit laissent craindre le pire pour ceux dont le sort est désormais soumis à l’arbitraire d’un régime classé parmi les tout derniers de la planète dans le rapport sur la liberté et la démocratie que vient de publier Freedom House. C’est un classement qui confirme celui de l’ensemble des ONG de défense des droits de l’homme, dont Reporters sans frontières, qui positionne l’Azerbaïdjan à la 168e place sur 180 pays, dans son classement sur la liberté de la presse. Aussi, elle demande à la France, coprésidente du Groupe de Minsk, en charge des négociations pour une résolution pacifique du conflit, d’user de toute son autorité pour obtenir la libération des prisonniers de guerre arméniens. Si ce groupe mandaté par l’OSCE n’a pas pu prévenir la guerre ni défendre les victimes, qu’il veille au moins au respect de cette clause humanitaire du cessez-le-feu. Je lui demande ses intentions à ce sujet.