Le 13 août dernier, Korotoumé, mère de deux enfants de 4 et 9 ans, vivant à Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne, a été assassinée d’un coup de couteau par celui qu’elle croyait être son partenaire de vie et qui devenu son bourreau. Elle n’est malheureusement pas un cas isolé, elle était la 58e victime de féminicide depuis le début de l’année. En 2019, ces crimes avaient déjà augmenté de 21% avec 146 femmes tuées ! 

Derrière les chiffres, ce sont des femmes, des filles, des sœurs, des mères et des familles totalement brisées ! 

L’année 2019 devait être celle de la lutte contre les violences faites aux femmes à travers un « Grenelle » dédié à ce sujet. Force est de constater que les efforts consentis par le gouvernement ne sont pas suffisants : ni pour les femmes victimes de violences, ni pour les enfants qui les subissent indirectement.

La France, se doit d’être à la hauteur pour accompagner les enfants co-victimes des violences intrafamiliales dont ceux présents lors des féminicides, ou simplement ceux qui ont été témoins de violences intrafamiliales ! 

Ces derniers mois, nous avons vu fleurir dans les rues des messages qui doivent nous faire prendre conscience de l’urgence de la situation : « Elle le quitte, il la tue » ; « Victimes, on vous croit »; « Ne protégez pas vos filles, éduquez vos fils ». Ce dernier message me parait particulièrement important et doit être entendu des pouvoir publics. La prévention et l’éducation ce sont les clés !

D’un point de vue préventif, afin d’endiguer les violences contre les femmes, il est essentiel de casser tous les processus qui mènent à ces violences. Pour cela il faut une profonde rénovation des relations garçons-filles, et ce dès le plus jeune âge, mais cela doit aussi passer par un suivi spécifique des familles où des violences intrafamiliales ont impacté le développement de l’enfant. Nous avons chacun à prendre conscience qu’il faut changer de paradigme !

A cet effet, nous aurions aimé une grande loi contre les violences faites aux femmes qui aurait aussi englobé les violences faites aux enfants ! Continuer de segmenter en silo les différentes dimensions des droits des femmes et des enfants ne permet pas d’avancer assez vite et de mettre en place les moyens nécessaires.

Le texte de loi adopté récemment pour lutter contre les violences faites aux femmes comporte des avancées, mais nous avons été nombreux à dénoncer plusieurs points dont le décret du 27 mai 2020. Avec ce texte, les femmes victimes de violences ne disposent que de 24h pour informer leur conjoint violent de l’ouverture d’une procédure à leur encontre, au risque de voir cette procédure annulée si le délai est dépassé. Ensuite, la procédure doit être réalisée par un huissier… aux frais de la victime ! On voit bien que même du seul point de vue des violences faites aux femmes, ce texte n’est pas à la hauteur.

Il est aussi nécessaire de dégager massivement de l’argent public pour prévenir les violences, pour former les professionnels et pour lutter contre les représentations qui déprécient l’image des femmes. Les violences conjugales et intrafamiliales, quelles qu’elles soient, sont largement sous-estimées. Le droit doit changer mais, avant cela, c’est la société tout entière qui doit être consciente que nous avons toutes et tous à gagner d’un monde sans violence dans les familles ! Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes estime que les besoins sont de plus de 500 millions d’euros par an, or, le budget s’élève seulement à 80 millions aujourd’hui! Nous devons donc poursuivre ensemble ce combat, avec détermination, pour les femmes et les enfants qui seront les citoyens de demain ! 

C’est le discours que j’ai tenu à l’issue de la marche blanche organisée à Chevilly-Larue le lundi 24 août pour rendre hommage à Korotoumé.

Vous trouverez en cliquant sur ce lien, le courrier que nous avons adressé au Président de la République avec plusieurs autres élue du département pour lui demander un véritable plan de lutte avec des mesures fortes pour en finir avec les féminicides et les violences intra familiales.