Je partage avec vous cette tribune dont je suis signataire :

 

« LE HAUT-KARABAGH ARMENIEN AU BORD DE L’EXTINCTION MERITE MIEUX QU’UN REGARD OUBLIEUX

En ces temps troublés où s’accroissent les désordres du monde, la République du Haut-Karabagh s’efforce encore, non seulement de survivre mais d’incarner au Caucase du Sud les valeurs démocratiques que nous entendons comme les nôtres. Pourtant, nous ne bougeons pas ; pourtant nous ne l’aidons pas face aux tentatives d’épuration ethnique qu’il subit de la part de l’Azerbaïdjan. A chaque soubresaut de l’actualité mondiale, l’affaire Prigojine en étant la dernière séquelle, le dictateur Aliev profite de ce que nous ayons les yeux détournés comme de notre coupable indifférence pour accroître un peu plus son emprise létale sur ce Haut-Karabagh arménien.

Ainsi depuis le 15 juin, abandonnant définitivement la fable de la libre circulation et renforçant le blocus qui perdure depuis le 12 décembre dernier, Ilham Aliev a fait installer des blocs de bétons qui coupent définitivement toute communication entre le Haut-Karabagh et l’Arménie. Un « nouveau mur de Berlin » dans cette Europe élargie qui promet la mort par famine aux 120 000 habitants du HautKarabagh. Devons-nous encore répéter, à l’instar de nos collègues LR, que les menées de Bakou contreviennent aux principes les plus élémentaires du Droit international ? Devons-nous encore rappeler que l’Azerbaïdjan viole tous les jours ses propres engagements et les termes du cessez-le-feu de novembre 2020 ? Devons-nous encore affirmer que cet Etat-voyou se place au ban de la Communauté internationale en se moquant de l’ordonnance du 22 février 2023 de la Cour Internationale de Justice lui intimant de restaurer immédiatement la libre circulation entre l’Arménie et le Haut-Karabagh ? Devons-nous enfin souligner que l’Exécutif dispose d’un mandat clair pour agir, les résolutions adoptées par le Sénat Le 15 novembre 2022 et par l’Assemblée nationale le 30 novembre 2022 lui donnant toute latitude pour engager des sanctions économiques et politiques contre le régime de Bakou et pour apporter un soutien opérationnel déterminant aux Arméniens agressés ?

L’actualité montre que la France sait sanctionner qui elle le veut et quand elle le veut ; même la puissante Russie. L’actualité montre que nous savons aussi déployer nos forces aux confins de la Moldavie. Ne pas entendre nos appels réitérés en faveur du Haut-Karabagh, ne pas engager à son égard les moyens que nous engageons par ailleurs, c’est être complice de l’Azerbaïdjan.

Il y a quelques jours, le Président de la République a annoncé que le résistant d’origine arménienne Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, quatre-vingt ans après son exécution. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette décision qui consacre à travers Manouchian l’engagement de ces centaines d’apatrides et de réprouvés, Arméniens, Juifs, Républicains espagnols, antifascistes italiens et tant d’autres, au service des valeurs de liberté, d’humanité, de fraternité qui sont celles de la République. Mais cette juste reconnaissance ne doit pas se muer en pantalonnade, en servant de paravent à l’abandon des Arméniens du Haut-Karabagh face à l’actuel régime autoritaire et autocratique que représente l’Azerbaïdjan. Car le Haut-Karabagh arménien au bord de l’extinction, ce Haut-Karabagh qui représente au Caucase du Sud ce que nous prétendons incarner, mérite mieux qu’un regard oublieux. Il mérite tout simplement que soit respecté et que l’on fasse respecter le droit de ses citoyens à disposer d’eux-mêmes, un droit qui seul justifie le rôle et l’action de la France dans la région, qui fonde la légitimité de notre pays à agir et qui ne peut en aucun cas être remis en cause par des faits d’occupation établis par la force.

Dans sa célèbre lettre d’adieu à son épouse Mélinée, Missak Manouchian écrivait « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps ».

Emmanuel Macron, sanctionnez Ilham Aliev et sa clique, sans haine contre le peuple azerbaïdjanais afin que les Arméniens et les Azerbaïdjanais puissent enfin vivre en paix et en fraternité dans ce Caucase du Sud où ils vivent en partage »